Autour de nous, c’est la grande Amérique. On devrait tout avoir. On devrait avoir une partie de leur richesse par notre localité mais nous n’avons rien à côté de celle de New-York. Notre ville a été riche. Riche quand le train permettait de faire dormir les travailleurs du Nord-est dans nos nouvelles maisons. Mais aujourd’hui il n’y a que les familles qui acceptent d’aller dans l’est des États-Unis juste pour boire un coup à Woodvale.

Je suis pauvre, tu es pauvre, nous sommes riches. Il y a de la solidarité entre quelques voisins. Mais nous avons beaucoup perdu. Notre ville a beaucoup perdu. Sa fraîcheur, son dynamisme et sa vitalité d’avant se sont transformés en rivalité. Combat de lions entre les quelques grandes familles et le reste du village, racisme parfois haineux envers ceux qui viennent d’ailleurs. La couleur de la peau n’est pas le seul critère d’incompréhension. Ici, on vit comme on peut et on vit pour soi. On vit mais les hommes vivent car les femmes sont celles qui tiendront le logis et les enfants en place.